La grande majorité des automobilistes français... --> Cannonball
La conduite folle et irresponsable m'a rappellé cette vieille comédie automobile...
Dis-moi Louis, tu aimerais pas un peu le manga ?
Si l'on considère que je possède environ 1.200 mangas, je crois bien qu'on peut affirmer avec une marge d'erreur assez faible que, oui, j'aime un peu le manga ^^
Il y a des perles dans le manga, des trucs comme je n'en avais jamais vu avant en BD francobelge, ou dans ces comics stéréotypés...
La seule bonne chose que j'ai vu émerger du comics pour aussitôt retomber dans le circuit commercial c'est Spawn...
Vraiment, les japonais ne sont pas du tout comme nous.
Regarde, juste au niveau musical la différence monstrueuse : par ici ce qui marche c'est hip hop / r'n'b, avec de la variété française / américaine fade.
Au Japon, TOUT marche, chaque musique à son public, qui est loin d'être aussi sous-représenté qu'il peut l'être par ici.
Dans les meilleures ventes ce sont évidemment les "stars" préfabriquées du Japon, idols et autres boys band, qui ciblent les jeunes, mais pour tout le reste, toute forme de musique est représentée, le rock'n'roll tutoie le hip hop, la musique folklorique marche aussi bien que le jazz, la dance et l'electro font recette au même titre que certains groupes de metal (de par ici) qui sont plus connus là-bas qu'ici (Children of Bodom, Dimmu borgir, ...), sans parler des groupes de metal nationaux, la musique classique fait bon ménage avec les OST de films étrangers mais aussi de jeux vidéos, à tel point que des orchestres japonais (et même étrangers, comme le grand orchestre de Milan) reprennent des standards de la musique de jeu vidéo (souvent les compositions de Nobuo Uematsu), il faut voir ce que c'est comme orchestre qu'ils dépechent pour jouer le Kefka's Theme, Dancing Mad ou One Winged Angel!
C'est tout sauf un orchestre de kermesse!
Les japonais en cela sont formidables, c'est que, si sur le plan social ils sont très sectaires, aimant classifier les gens en catégories dont il vaut mieux éviter de sortir, ils sont paradoxalement très ouverts niveau musical et graphique (beaucoup de mangakas ont été inspirés par les comics, le plus drôle c'est que le résultat est souvent meilleur quand ce sont les japonais qui reprennent du comics que quand ce sont les américains qui essayent de renouveller le graphisme du comics pour le rendre plus vendeur en incorporant des caractéristiques typiquement manga).
Et cela se ressent dans le manga où tout est sujet intéressant, même les thématiques les plus sérieuses peuvent être tournées de manière intéressantes et combler un public jeune.
On imagine avec quelle lourdeur on créerait une bande dessinée sur le pain ou les échecs en Europe, alors qu'au Japon deux séries qui "cartonnent" ont justement pour thématique le pain / la boulangerie et le go ("échecs" japonais... Les règles n'ont rien à voir mais on fait souvent un parallèle entre les deux pour l'esprit "classique" qui s'en dégage), et s'adressent aux jeunes (c'est du shonen).
Ceci dit, malgré cette abondance de thémes et cette faculté d'exploiter de manière très diversifiée des mêmes thèmes (il n'y a qu'à voir le far-west fantasy / cyberpunk de Et Cetera et de Trigun : rien de comparable), le Japon a un gros problème.
Le taylorisme.
Un mangaka travaille à la chaîne : dans un studio de 10M² on fait tenir 6 à 8 personnes qui travaillent ensemble 10 à 12 heures par jour et qui se relayent à diverses tâches : tramage, encrage, découpage, graphie, ...
Ce sont les assitants du dessinateur et le dessinateur.
Souvent le scénariste travaille ailleurs et envoie ses scripts au dessinateur sans avoir de contact physique avec celui-ci.
Quand le dessinateur n'est pas également le scénariste, ce qui est fréquent.
Mais un manga dépend surtout de celui qui l'édite, celui qui le crée n'ayant bien souvent qu'un droit de véto "de principe".
L'éditeur décide de tout, l'auteur a des échéances pour remettre se splanches et l'éditeur soit par téléphone, soit par rendez-vous, se charge de superviser la tâche du mangaka et lui dit quoi changer.
Le mangaka propose, et l'éditeur valide ou invalide, mais si l'éditeur dit "non", il y a peu de chances pour que le mangaka réussisse à le faire revenir sur sa décision... Ou même qu'il ose.
"L'éditeur" ce n'est pas "la maison d'édition", c'est une personne qui se consacre à un ou plusieurs auteurs et supervisent leur travail pour le compte de la maison d'édition.
Il est souvent le supérieur le plus haut auquel le mangaka aura accès.
Si une série marche et que l'auteur n'en peu plus, celui-ci peut très bien l'envoyer un mois en vacances eu Europe par exemple (en sachant que ce genre de vacance arrive une fois tous les 5 ou 10 ans et uniquement pour les mangakas qui ont déjà fait leur trou, car en général un mangaka a une semaine de vacances par an et travaille même quand il est malade).
Mais en général il fera continuer le mangaka tant que ça marche.
C'est pour ça que de très bons mangas s'essouflent car l'auteur aurait voulu l'arrêter il y a déjà 3 tomes (les volumes reliés sortent tous les 4 ou 6 mois, avant cela ils sortent par chapitre dans des magazines de prépublication à destination de publics ciblés) mais que l'éditeur a dit "non ça rapporte du fric on continue".
Et puis parfois un très bon manga ne marche pas... Alors l'éditeur soumet un ultimatum au mangaka : "t'as trois tomes pour me finir ton truc et passer à autre chose".
Parfois moins, "dans un tome je veux que ça soit fini et tu viens avec une autre idée et elle a intérêt à être meilleure que celle-là".
C'est pour ça qu'on a des mangas qui s'annonçaient bien puis qui finissent en queue de poisson, brutalement...
Parfois quand il gagne en notoriété, un mangaka s'autorise à resortir une oeuvre de jeunesse en y apportant son expérience d'aujourd'hui pour la rendre meilleure, comme il aurait voulu qu'elle soit.
Mais il faut déjà un certain passé derrière soi, comme Buichi Terasawa (Cobra) ou Kazushi Hagiwara (Bastard) ou encore Yukito Kishiro (Gunnm).
Et tout ça pour gagner quoi? Peu. Très peu. Un mangaka vit une vie d'ermite et de privation, dans des salles exiguës à travailler comme un fou pour une notoriété qui ne viendra peut-être jamais, en mangeant peu et mal (souvent des nouilles instantanées ou autres repas pas chers et pas très équilibrés).
Ils s'en plaignent souvent, mais en riant.
Car ils sont quand même fiers de leur métier, pour eux ça reste une sorte de rêve, vivre de leur art.
Je ne suis pas sûr qu'un dessinateur BD européen puisse comprendre, car même si ça ne gagne pas non plus tripette, c'est quand même beaucoup moins contraignant de sortir une BD tous les ans ou tous les deux ans (pour quoi? 60? 80 pages?) que de sortir un volume relié de plus de 200 pages tous les 4 ou 6 mois.
Même si la colorisation n'entre pas en jeu dans le manga.
Les mangakas sont des esclaves consentants, et il n'y a vraiment qu'au Japon, et peut-être un peu en Corée et en chine, que ça peut marcher ^^
Regardez Moonkey, le "mangaka" belge responsable de "Dys" : 2 volumes en presque deux ans, même pas de tome 3 prévu!
Au Japon il aurait déjà été viré.
Le Japon, ce n'est pas un autre monde, c'est un autre univers qu'on en peut que commencer à comprendre avec nos repères de gaijin.